La révision : un sac de nœuds ?

Cette version française de mon article de blog Revision: a Can of Worms? a été traduite par Élisa Marcel dans le cadre de sa formation de Master TSM (Traduction Spécialisée Multilingue) à l’université de Lille. Cette traduction était publiée à l’origine sur le blog MasterTSM@Lille.

Quand est-ce qu’une révision va trop loin ?

Quand est-ce qu’une traduction n’en est pas une ?

La révision est un sujet très épineux, comme je l’ai déjà mentionné dans mon premier billet sur le sujet. Elle peut engendrer beaucoup de sentiments négatifs si vous pensez que les changements apportés à votre travail n’étaient pas utiles et si l’opinion du réviseur pourrait vous faire perdre un client.

Mais et si le réviseur criait « c’est trop littéral ! » à tout bout de champ et modifiait vos phrases de façon si drastique que, d’une part, elles n’auraient plus rien à voir avec la traduction originale, et d’autre part, ne reflèteraient plus les idées de l’auteur ?

C’est ce qui m’est arrivé récemment. L’auteur avait un style légèrement poétique et faisait apparaître des images dans les esprits pour brosser un tableau d’un lieu ou d’un évènement, ce que j’ai vraiment trouvé attrayant pour une fois, et c’est pour cette raison que j’ai conservé toutes ses idées originales. L’espagnol peut parfois se révéler terriblement fleuri et il faut supprimer beaucoup de fioritures avant de publier des textes qu’une audience anglophone soit capable de digérer. Mais dans ce cas, j’ai compris de quoi l’auteur parlait et j’ai pensé que ses mots parlaient d’eux-mêmes. Il n’était pas nécessaire de les changer, il fallait juste les formuler dans des phrases qui sonnaient anglaises et je pensais avoir assez bien réussi ce travail.

Le réviseur a piétiné ma traduction avec ses bottes cloutées

Toutefois, le réviseur a piétiné ma traduction avec ses bottes cloutées et a modifié absolument toutes ces images. Il a même changé une idée négative en idée positive, ce qui m’a horrifiée, consternée et totalement stupéfiée. Les mots de l’auteur avaient été retouchés pour créer une scène bien plus fade et paraphrasée en banalités qu’on peut trouver partout sur Internet. Je ne peux qu’assumer que cet autre traducteur a révisé le texte à la hâte, n’a pas beaucoup consulté la source, n’a pas vraiment compris le sujet du texte faute de recherches et manquait sérieusement d’imagination.

La collaboration est fondamentale pour arriver à un résultat satisfaisant et obtenir la meilleure traduction possible du texte source

Quand on m’a renvoyé le texte, il avait été modifié presque au point d’être méconnaissable, plusieurs erreurs graves avaient été introduites et il avait déjà été publié. Parce-que personne n’a pensé à me demander mon avis. Le client final avait manifestement décidé de faire confiance au réviseur de façon implicite et moi pas du tout. Et comme je l’ai mentionné dans mon billet précédent, je pense que c’est une énorme erreur en général. La collaboration est fondamentale pour arriver à un résultat satisfaisant et obtenir la meilleure traduction possible du texte source.

Je considère ma version comme étant fidèle à l’original et la version modifiée n’est selon moi pas vraiment une traduction. En effet, j’ai conservé les métaphores et les analogies de l’auteur étant donné que dans ce cas, je pensais qu’elles fonctionnaient bien en anglais. Bien sûr, le réviseur n’avait pas fait cela et ne le pensait pas. Bien entendu, si c’était ce que le client voulait (pas l’auteur dans ce cas), qui suis-je pour contester ? Mais comme c’était un article signé par un auteur, j’estimais qu’il était important de faire entendre sa voix, qu’il n’était pas convenable que le traducteur ou le réviseur arrivent et apposent leur tampon dessus en pensant qu’ils sont plus avisés.

Quand est-ce qu’une révision va trop loin ? Quand les réviseurs font trop de zèle et, dans leur arrogance, croient que leur opinion est la seule qui compte. Quand ils montrent un manque total de respect pour le style de l’auteur et du traducteur. Quand tout ce qu’ils veulent faire, c’est couvrir une révision de rouge pour prouver qu’ils méritent leur prix et pour s’assurer que le client viendra vers eux la prochaine fois pour traduire ses textes.

Je me suis rendu compte que tout ceci est un vrai sac de nœuds. D’autres fois, je me suis fait taper les doigts par des auteurs parce-que je m’étais trop éloignée de leurs mots, parce-qu’en essayant de rendre leurs textes plus fluides en anglais, j’ai modifié des expressions et des structures de phrases d’une façon qu’ils n’appréciaient pas. Ce qui me ramène à l’autre question que j’ai posée au début de ce billet : Quand est-ce qu’une traduction n’en est pas une ? C’est un problème auquel je réfléchis lorsque je travaille. Devrais-je traduire ce que l’auteur a dit ou devrais-je l’améliorer quand c’est possible ? Et si en améliorant le texte, ce n’est plus une traduction à proprement dire, est-ce que c’est vraiment important tant que celui qui paye est content ?

Il y a une discussion sur ce billet et les questions qu’il soulève dans le forum Proz.com sur LinkedIn, que vous pouvez trouver ici. Et si vous souhaitez en lire davantage à ce sujet, vous pouvez accéder à une liste d’autres articles depuis la page Revisions.

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